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Québec et Chaudière-AppalachesDistanciation, ce mot qui, au cours des derniers mois, a pris une importance capitale dans notre quotidien. Nos distances, on doit les garder, où que l’on soit et quoique l’on fasse. On l’a toutes et tous vite compris, du moins la plupart d’entre nous, puisque c’est une question de santé publique. Si cette distance que nous devons nous imposer dans nos déplacements en faisant une marche, ou encore, dans une file d’attente pour entrer à l’épicerie, à la pharmacie, à la quincaillerie et à tout autre endroit où il faut se rendre, qu’en est-il de la distanciation entre les véhicules avec lesquels nous devons partager la route dans nos déplacements au volant ?
Il sera donc question dans cette capsule des distances entre les véhicules afin de se donner les meilleures chances de sécurité au volant, tant pour soi que pour les autres. Car, il faut le l’admettre, la distance que nous devons conserver avec les véhicules sur la route est aussi une question de santé publique, tout comme l’est l’espace qui doit nous séparer des autres personnes dans le contexte de la Covid-19. Avouons-le, les victimes de l’insécurité routière sont aussi une des causes de débordement dans les hôpitaux.
Quatrième partie – Les distances entre les véhicules
Rappelons-nous que le Code de la sécurité routière consiste en un recueil des articles de loi et des règlements se rapportant à l’usage de la route. Cette quatrième partie traite des « distances à conserver avec les autres usagers dans nos déplacements au volant », et ce sujet s’inscrit parmi ceux traitant des « Règles de circulation routière », dont la présentation se poursuivra encore dans les prochaines capsules.
Sortir de SA « bulle »
On connaît toutes et tous l’expression « être dans SA bulle ». Dans notre jargon québécois, cette expression se définit de deux façons différentes; l’une signifie que l’on est soi-même dans SA bulle alors que l’autre, elle, fait référence à se trouver dans LA bulle de quelqu’un d’autre.
Très souvent, nous sommes un peu, même beaucoup, indisposés lorsqu’une personne entre dans cette zone à notre insu et, lorsque cela se produit, un inconfort s’empare de nous. Et la réciproque s’avère également inconfortable lorsque nous entrons, parfois inconsciemment, dans LA bulle, plus ou moins grande, de quelqu’un d’autre.
Et si cet inconfort s’appliquait également sur la route
Sur la route, cette bulle prend la forme d’une « zone de sécurité ». Il s’agit de cet espace que l’on doit conserver avec le véhicule qui nous précède afin de nous donner le temps nécessaire pour agir en cas de situations dites « d’urgence ». Qui de nous n’a pas déjà vécu une frousse au volant alors que le conducteur que l’on suivait de trop près a dû freiner brusquement afin d’éviter une collision ? Rappelons-nous la sensation que l’on éprouve dans une telle situation. Si parfois nous avons pu freiner à temps pour éviter une collision arrière, il faut admettre que, dans d’autres situations, le temps et l’espace nécessaires pour s’arrêter ont manqué et le heurt n’a pu être évité.
Suivre un autre véhicule de trop près nous place donc dans une situation inconfortable, voire vulnérable. La courte marge de manœuvre que cette façon d’agir nous laisse fait en sorte qu’on devient sur le qui-vive et, en conséquence, notre attention est davantage focalisée sur ce véhicule plutôt que sur une vue d’ensemble si importante au volant. Cela est compréhensible puisque nous nous trouvons dans SA bulle et notre champ d’action se trouve très limité. Alors, non seulement nous devenons mal à l’aise, mais l’autre conducteur l’est tout autant que nous.
Mieux vaut prévenir que guérir
Le fait de rouler « collé » à l’autre véhicule nous permet-il d’arriver à destination plus rapidement ? Vraisemblablement, non. Mais un tel comportement contribue certainement à augmenter notre niveau de stress et, par le fait même, de fatigue. Alors, mieux vaut prévenir que guérir en se donnant les meilleures conditions possibles pour conserver le plaisir de se trouver derrière le volant, à savoir suffisamment d’espace et de temps pour observer, évaluer et agir correctement, peu importe la situation.
Agir de façon coopérative, sécuritaire et responsable dans le respect du Code de la sécurité routière
Source :https://www.envoituresimone.com/code-de-la-route/cours/CONDUCTEUR/intervalles-de-securite-kia285
La solution est simple. D’ailleurs, la plupart d’entre nous la connaissent et l’appliquent naturellement. Il s’agit de la règle de l’intervalle minimum de 2 secondes. Prenons quelques instants pour nous remémorer cette façon de faire.
Lorsque le véhicule qui nous précède arrive à la hauteur d’un point de repère que l’on a préalablement identifié, il suffit de compter le nombre de secondes qui nous faut pour atteindre ce même point. Si notre arrivée à cet endroit prend un minimum de 2 secondes, et que les conditions de la route et de la température sont favorables, notre distance de suivi est sécuritaire. Par contre, dans des conditions défavorables occasionnées par la pluie, la neige, le vent ou par tout autre élément contribuant à réduire l’adhérence des pneus sur la chaussée, la distance à maintenir avec le véhicule qui nous précède doit être augmentée jusqu’à un minimum de 3 à 6 secondes, ou même davantage selon les circonstances dans lesquelles nous évoluons.
Cette règle de l’intervalle de temps demeure valide, peu importe la vitesse à laquelle nous circulons. Par exemple, à 50 km/h notre véhicule parcourt 14 mètres par seconde (46 pieds), alors que, en roulant à 100 km/h durant la même période, il se déplace de 28 mètres (92 pieds). Ainsi, en maintenant un intervalle minimum de 2 secondes, c’est une distance de 28 mètres minimum qui nous sépare du véhicule que l’on suit en milieu urbain et, sur une autoroute, la distance doit correspond à au moins 56 mètres. De prime abord, une telle distance peut sembler excessive, mais c’est l’unique façon d’éviter de circuler dans LA bulle de quelqu’un d’autre. Sécurité oblige.
Distance à conserver à l’arrêt
Outre la distance de suivi, il y a un autre moment où l’on doit garder un espace avec le véhicule qui nous précède. Il s’agit de l’écart qu’il faut s’assurer de conserver lors d’un arrêt de la circulation. Pour ce faire, nous devons être en mesure de voir les pneus du pont arrière du véhicule arrêté devant nous.
Bilan de la situation
Un rapport rendu public par la Société de l’assurance automobile du Québec indique que, de 2009 à 2018, 10 056 contraventions ont été données à autant de titulaires de permis de conduire pour avoir laissé un espace insuffisant derrière un autre véhicule, et pour lesquelles il y a eu condamnation. Mais ce n’est pas tout. Ce même organisme, dans un article publié dans le Guide de l’auto[1], confirme que près du tiers des incidents qui se produisent sur la route sont des collisions par l’arrière.
Et si on est suivi de trop près
Il arrive souvent que l’on soit suivi de trop près. Un intrus se trouve alors dans notre bulle. Cette situation est inquiétante et, pour y remédier, il peut nous venir à l’esprit d’accélérer en croyant que, de cette manière, l’intervalle pourra être rétabli. Erreur ! Dans la plupart des occasions de ce genre, le conducteur fautif augmente sa vitesse et le talonnement se poursuit. Rien n’est alors réglé. La solution consiste à ralentir légèrement ou, si la situation le permet, à changer de voie afin d’inciter le « colleux » à nous dépasser. Ainsi, en réduisant légèrement la vitesse, la distance de suivi avec le véhicule qui nous précède se trouve allongé ce qui nous laisse une marge de sécurité accrue qui pourrait nous être bénéfique si un véhicule venait à nous heurter par l’arrière. Rappelons-le. Vaut mieux prévenir que guérir.
Ce que dit la loi
Le conducteur d’un véhicule qui suit un autre véhicule routier ou une bicyclette doit le faire à une distance prudente et raisonnable en tenant compte de la vitesse, de la densité de la circulation, des conditions atmosphériques et de l’état de la chaussée.
(Article 335 du Code de la sécurité routière)
Toute personne au volant d’un véhicule contrevenant à cet article est passible d’une amende de 100 $ à 200 $, plus les frais, et l’inscription de 2 points d’inaptitude à son dossier.
Protégeons notre bulle et évitons de pénétrer dans la bulle des autres. Bref, agissons avec sagesse en respectant cette distanciation d’un minimum de deux secondes avec le véhicule qui nous précède[2]. Voilà donc l’essentiel des règles de base quant à la façon de « SE » comporter dans la circulation comme les véritables « sages » que nous sommes. D’autres sujets répondant aux besoins de mise à jour sur le Code de la sécurité routière suivront dans le cadre des prochaines chroniques dont, entre autres, les zones de travaux routiers et les voies de circulation. Pour notre propre sécurité et celle des autres, continuons d’agir avec sagesse en respectant les règles établies. De cette manière, ça va encore continuer de bien aller ! 🌈
À propos de l’auteur
Consultant formateur en éducation routière et conférencier
Diplômé de l’Université Laval en pédagogie, Yvon Lapointe a consacré toute sa carrière à la cause de la sécurité routière. Après avoir été moniteur-instructeur en conduite d’un véhicule de promenade et de divers types de véhicules lourds, propriétaire d’une école de conduite, consultant auprès d’entreprises de transport routier, puis chargé de cours et coordonnateur d’un programme de formation pour des formateurs de conduite automobile en milieu collégial pendant plus de 12 ans, il est arrivé chez CAA-Québec en 1986 en tant que directeur du service de l’éducation routière. Jusqu’au moment de sa retraite en 2014, il était également directeur de la Fondation CAA-Québec avec laquelle il a maintenu un lien en tant que conférencier.
Depuis 2016, il intervient en suppléance auprès des clients de l’école de conduite du Centre de réadaptation du CIUSSS de la Capitale-Nationale comme instructeur de conduite automobile. La chronique de sécurité routière, publiée dans la revue L’Écho des deux Rives, porte sa signature depuis plus de cinq ans. Il est l’instigateur de la conférence intitulée « SE…conduire autrement ! » offerte gracieusement aux membres des clubs FADOQ.
[1] https://www.journaldemontreal.com/2018/09/13/quelle-distance-garder-avec-le-vehicule-devant-le-sien
[2] https://www.youtube.com/watch?v=SVsb1_o9E3U
Voir le volet 1 : Une bonne marche…ça fait du bien !
Voir le volet 2 : Faire un tour d’auto…ça aussi ça fait du bien !
Voir le volet 3 : Une randonnée à vélo…en toute sécurité !
Voir le volet 4 : Un tour d’auto avec notre animal de compagnie !
Voir le volet 5 : Le Code de la sécurité routière – 1ère partie
Voir le volet 6 : Le Code de la sécurité routière – 2e partie
Voir le volet 7 : Le Code de la sécurité routière – 3e partie
Voir le volet 9 : Le Code de la sécurité routière – 5e partie
Voir le volet 10 : Le Code de la sécurité routière – 6e partie
Voir le volet 11 : Le Code de la sécurité routière – 7e partie
Voir le volet 12 : Le Code de la sécurité routière – 8e partie
Voir le volet 13 : Le Code de la sécurité routière – 9e partie
Voir le volet 14 : La signalisation routière 1 – Les panneaux en lien avec la conduite hivernale
Voir le volet 15 : Les panneaux de signalisation de prescription – Première partie