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Le saviez-vous ?

Le Code de la sécurité routière – 3e partie

Le réseau routier, tant urbain que rural, dans lequel nous circulons lors de nos déplacements de tous les jours, soit à pied, à vélo ou au volant, nous amène à composer avec de nombreuses intersections. Si certaines d’entre elles nous apparaissent fort simples, d’autres présentent un niveau de complexité et de risque beaucoup plus important. C’est le cas, notamment, des intersections contrôlées par des feux de circulation, où la manœuvre de virage à droite au feu rouge est autorisée.

Dans ces occasions, il nous arrive parfois de nous sentir quelque peu confus quant aux comportements à adopter. Et la situation devient encore plus difficile à gérer lorsque la circulation est dense, non seulement en ce qui a trait à l’achalandage des véhicules routiers mais, plus particulièrement, en présence d’usagers vulnérables tels que les piétons et les cyclistes. Heureusement, le Code de la sécurité routière est là et il nous donne des consignes claires qui, si elles sont suivies, permettent un partage de la route plus harmonieux.

 

Troisième partie – Le virage à droite au feu rouge

Rappelons-nous que le Code de la sécurité routière consiste en un recueil des articles de loi et des règlements se rapportant à l’usage de la route. Cette troisième partie traite du « virage à droite au feu rouge » (aussi connu sous l’appellation « VDFR »), et celui-ci s’inscrit parmi les sujets traitant des « Règles de circulation routière » dont la présentation se poursuivra encore dans les prochaines capsules.

 

Un peu d’histoire

En 1979, le Congrès américain a adopté une loi qui obligeait les États à autoriser le virage à droite au feu rouge (VDFR). Cette mesure, qui faisait suite au choc pétrolier de 1973, visait l’économie de carburant en réduisant le temps d’attente au feu rouge. Les provinces canadiennes ont emboîté le pas, à l’exception du Québec, de sorte que cette dernière était, avec la ville de New York, le seul endroit en Amérique du Nord où cette manœuvre n’était pas permise. Cependant, cette position du Québec a fait l’objet de nombreuses demandes et de remises en question répétées afin d’harmoniser les pratiques québécoises avec celles des administrations et des États limitrophes.[1]

 

Entrée en vigueur de cette loi chez nous

C’est le 13 avril 2003 que la loi autorisant le VDFR est entrée en vigueur au Québec, à l’exception de l’ensemble du territoire de l’Île de Montréal ainsi qu’aux endroits où une signalisation l’interdit de façon permanente ou occasionnelle.

 

La signalisation officielle liée à l’interdiction de tourner à droite se présente comme suit :

Cette signalisation indique que le VDFR est interdit en tout temps.

                                                                                                                       

Ces signalisations indiquent que le VDFR est interdit sur une période précise au moyen d’un panonceau fixé sous le panneau principal.

 

Est-on obligé de tourner à droite au feu rouge ?

C’est après avoir observé l’absence de toute signalisation l’interdisant que l’autorisation d’effectuer la manœuvre de virage à droite au feu rouge nous est accordée. Mais, souvenons-nous que ce n’est pas une obligation, mais plutôt un privilège comportant des exigences bien définies.

 

Agir de façon coopérative, sécuritaire et responsable dans le respect du Code de la sécurité routière

La plupart d’entre nous sont sans doute déjà bien à l’aise avec le virage à droite au feu rouge. Toutefois, étant donné que la mémoire est une faculté qui a tendance à oublier, et ce phénomène n’est pas toujours lié à l’âge, voyons la procédure à suivre pour que cette manœuvre soit exécutée dans les règles de l’art, conformément aux exigences du Code de la sécurité routière[2].

 

En tant que conducteur ou cycliste, il faut :

  • Arrêter avant la ligne d’arrêt ou avant le passage pour piétons, en se rappelant qu’un piéton autorisé à s’engager dans l’intersection a priorité;
  • Observer d’abord la signalisation, puis évaluer les mouvements de la circulation de tous les usagers déjà engagés dans l’intersection et sur le point de le faire;
  • Décider de l’action à poser, soit d’attendre le feu vert ou d’entreprendre la manœuvre de virage après avoir vérifié la circulation venant de l’arrière par les rétroviseurs et dans l’angle mort. 

 

En tant que piéton face à un feu autorisant de traverser, il faut :

  • Arrêter sur le trottoir ou, s’il n’y en a pas, sur l’accotement;
  • Regarder à gauche, devant, à droite et par-dessus l’épaule gauche afin de s’assurer qu’aucun véhicule ou cycliste ne s’apprête à tourner;
  • S’engager seulement après s’être assuré que la durée restante affichée sur le décompteur numérique est suffisante, puis traverser en demeurant attentif aux changements qui pourraient se produire dans l’intersection.

 

Ce que dit la loi

Le conducteur d’un véhicule routier ou le cycliste peut, face à un feu rouge, effectuer un virage à droite après avoir immobilisé son véhicule avant le passage pour piétons ou la ligne d’arrêt ou, s’il n’y en a pas, avant la ligne latérale de la chaussée sur laquelle il veut s’engager et après avoir cédé le passage aux piétons engagés dans l’intersection de même qu’aux véhicules routiers et cyclistes engagés ou si près de s’engager dans l’intersection qu’il s’avérerait dangereux d’effectuer ce virage. (Article 359.1 du Code de la sécurité routière)

 

Toute personne au volant d’un véhicule contrevenant à cet article est passible d’une amende de 100 $ à 200 $, plus les frais, et l’inscription de 3 points d’inaptitude à son dossier. Pour un cycliste, l’amende est de 80 $ à 100 $, plus les frais.

 

Un bilan qui fait réfléchir

Selon des données obtenues par La Presse canadienne[3] auprès du ministère des Transports, sept personnes sont mortes d’avril 2003 à 2016 à la suite d’un accident causé par un automobiliste qui avait tourné sur un feu rouge. D’après ces données, on a dénombré également 37 blessés graves, et 1140 blessés légers. Au total, le ministère a recensé un total de 1184 victimes.

 

Et si on agissait autrement

Peut-on faire mieux ? Vraisemblablement, oui ! C’est pourtant simple. Il suffit de nous comporter de façon coopérative, sécuritaire et responsable. Rappelons-le. Le virage à droite au feu rouge, si on s’autorise à le faire, doit être amorcé seulement après avoir effectué l’arrêt obligatoire et s’être assuré que la manœuvre puisse être exécutée en toute sécurité[4].

Mettons tout en œuvre pour se protéger et protéger les autres avant de prendre la décision de tourner ou non au feu rouge. Portons attention aux autres comme nous aimons que les autres prennent soin de notre propre sécurité. Et surtout, dans le doute, abstenons-nous et attendons le feu vert. Adoptons des comportements dignes des « sages » que nous sommes. Voilà donc l’essentiel des règles de base quant à la façon de « SE » comporter avant de s’aventurer dans une manœuvre de VDFR à une intersection qui l’autorise. D’autres sujets répondant aux besoins de mise à jour sur le Code de la sécurité routière suivront dans le cadre des prochaines chroniques dont, entre autres, les distances et intervalles entre les véhicules et les zones de travaux routiers. Pour notre propre sécurité et celle des autres, continuons d’agir avec sagesse en respectant les règles établies. De cette manière, ça va encore continuer de bien aller ! 🌈


À propos de l’auteur

Yvon Lapointe

Consultant formateur en éducation routière et conférencier

Diplômé de l’Université Laval en pédagogie, Yvon Lapointe a consacré toute sa carrière à la cause de la sécurité routière. Après avoir été moniteur-instructeur en conduite d’un véhicule de promenade et de divers types de véhicules lourds, propriétaire d’une école de conduite, consultant auprès d’entreprises de transport routier, puis chargé de cours et coordonnateur d’un programme de formation pour des formateurs de conduite automobile en milieu collégial pendant plus de 12 ans, il est arrivé chez CAA-Québec en 1986 en tant que directeur du service de l’éducation routière. Jusqu’au moment de sa retraite en 2014, il était également directeur de la Fondation CAA-Québec avec laquelle il a maintenu un lien en tant que conférencier.

Depuis 2016, il intervient en suppléance auprès des clients de l’école de conduite du Centre de réadaptation du CIUSSS de la Capitale-Nationale comme instructeur de conduite automobile. La chronique de sécurité routière, publiée dans la revue L’Écho des deux Rives, porte sa signature depuis plus de cinq ans. Il est l’instigateur de la conférence intitulée « SE…conduire autrement ! » offerte gracieusement aux membres des clubs FADOQ.


[1] Rapport d’évaluation des projets pilotes sur le virage à droite au feu rouge – MTQ – Décembre 2001

[2] Source : Société de l’assurance automobile du Québec

[3] La Presse canadienne – Article signé par la journaliste Vicky Fragasso-Marquis – 11 avril 2018

[4] https://www.youtube.com/watch?v=t8hK0cT3NYY


Voir le volet 1 : Une bonne marche…ça fait du bien !

Voir le volet 2 : Faire un tour d’auto…ça aussi ça fait du bien !

Voir le volet 3 : Une randonnée à vélo…en toute sécurité !

Voir le volet 4 : Un tour d’auto avec notre animal de compagnie !

Voir le volet 5 : Le Code de la sécurité routière – 1ère partie

Voir le volet 6 : Le Code de la sécurité routière – 2e partie

Voir le volet 8 : Le Code de la sécurité routière – 4e partie

Voir le volet 9 : Le Code de la sécurité routière – 5e partie

Voir le volet 10 : Le Code de la sécurité routière – 6e partie

Voir le volet 11 : Le Code de la sécurité routière – 7e partie

Voir le volet 12 : Le Code de la sécurité routière – 8e partie

Voir le volet 13 : Le Code de la sécurité routière – 9e partie

Voir le volet 14 : La signalisation routière 1 – Les panneaux en lien avec la conduite hivernale

Voir le volet 15 : Les panneaux de signalisation de prescription – Première partie

Source: Yvon Lapointe Consultant formateur en éducation routière et conférencier