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Sylvie Bernier, ambassadrice des saines habitudes de vie
En 1984, lors des Jeux olympiques tenus à Los Angeles, Sylvie Bernier a remporté la première médaille d’or du Canada en plongeon du tremplin de 3 m. À ce jour, elle demeure la seule championne olympique canadienne dans cette discipline. Depuis 1984, Sylvie Bernier a été très active dans les médias prônant sans relâche l’adoption de saines habitudes de vie. Conférencière réputée, elle s’adressera le 2 mai prochain aux membres FADO, dans le cadre de l’ouverture des jeux régionaux.
Pour le plaisir de vous entendre, rappelez-nous votre parcours.
Il importe d’abord que je précise que je viens d’une famille de 5 enfants et que mes parents insistaient pour qu’on soit actif, pour qu’on ait des activités. L’école c’était important pour eux, mais jouer dehors c’était aussi très important. Nous étions une famille active.
À l’âge de 7 ans, j’ai commencé à faire de l’asthme sévère et j’ai fréquenté le milieu hospitalier assez souvent, en raison des crises. C’est le médecin qui me traitait, un pneumologue nettement avant-gardiste, qui avait recommandé à mon père de faire en sorte que je bouge, que je sois active, contrairement à ce qui se faisait dans les écoles à cette époque, alors qu’on recommandait souvent aux élèves asthmatiques de rester assises et inactives lors des cours d’éducation physique.
C’est aussi à cette période-là que mes parents m’ont inscrite à des cours de natation. Mon frère lui, faisait déjà du plongeon. Je le regardais et je trouvais ça ludique et beaucoup plus intéressant que la natation. Je me suis vite retrouvée de l’autre côté de la piscine. J’ai toujours considéré extrêmement important d’avoir du plaisir dans la pratique d’un sport. Pour moi, le plaisir passait avant la discipline. Ce n’était pas la compétition qui m’attirait, c’était le plaisir que m’apportait l’entraînement. La discipline vient avec le plaisir. Et je suis restée dans cet état d’esprit jusque vers la fin de ma carrière. Ce n’est que deux ans avant les jeux que je suis entrée dans le « mode performance », que je me suis dit que je voulais arriver à gagner une médaille. Durant ces deux années-là, toutes mes décisions, toutes mes actions étaient dictées par mon désir de performer, ce qui est parfaitement normal pour une athlète visant une médaille aux Jeux olympiques. J’ai donc gagné la médaille d’or à Los Angeles et j’ai pris ma retraite la semaine suivante. Du même coup, j’ai quitté le « mode performance ».
Comment s’est faite la transition entre le rôle d’athlète de pointe, le rôle d’olympienne et la mission de promotion des saines habitudes de vie?
C’est la vie qui m’a amenée là. J’ai toujours été intéressée par les questions liées à la santé. J’étais déjà inscrite à l’Université Laval en nutrition parce que, même durant ma carrière j’étais intéressée par la nutrition, je m’intéressais aux aliments qui étaient susceptibles d’améliorer mes performances. Mon intention était vraiment de m’orienter vers ce qu’on appelle aujourd’hui la nutrition sportive, ce qui n’existait pas à l’époque.
Mais à mon retour au Québec, les choses se sont passées autrement. Je suis revenue le 15 août et mes cours devaient reprendre le 20 août. Je pensais aller m’asseoir sur les bancs de l’université et suivre mes cours, mais ça ne s’est pas vraiment passé comme ça. Jusque-là, ma vie sociale se résumait à peu de chose, le matin je m’entraînais seule avec mon instructeur à la piscine à 6 heures, ensuite je me dépêchais d’aller suivre mes cours, les cheveux mouillés. Après les jeux, j’ai été entraînée dans un véritable tourbillon social et médiatique parce que j’étais la première Québécoise à gagner une médaille d’or, et la première à gagner en plongeon. Devenir une personnalité publique en moins de 24 heures a fait en sorte que je n’ai pas pu suivre mes cours tel que je l’espérais. Durant l’année qui a suivi, j’étais invitée dans tous les galas et dans toutes les réceptions, et ce à travers le pays. Je n’étais pas préparée à ça. Je n’ai donc pas pu reprendre mes cours.
Ensuite, j’ai commencé à faire de la télévision comme Salut Bonjour, avec des chroniques sur divers sujets comme la famille, les enfants, le plein air, l’alimentation. Dans tout cela, la santé a toujours été mon fil conducteur, les saines habitudes de vie ont toujours été au centre de mes intérêts. Mais mon déclic s’est véritablement fait en 2008, au retour des Jeux de Pékin où j’ai été cheffe de mission. À cette époque, mes filles étaient des adolescentes et je me suis demandée qu’est-ce que je veux faire de mes 20 dernières années de vie professionnelle? C’est là que j’ai décidé de retourner à l’université. Je me suis inscrite à McGill dans le programme International Master for Health Leadership, et ça, c’était vraiment un choix réfléchi par rapport à ce que je voulais faire. Je voulais vraiment unir ma voix à ceux et celles qui déjà faisaient la promotion des saines habitudes de vie. Depuis 30 ans, je connaissais bien la famille Chagnon qui était impliquée avec moi dans la Fondation de l’athlète d’excellence du Québec, une fondation qui soutient les athlètes étudiants. Je savais qu’un jour j’allais travailler avec la famille Chagnon, mais de quelle façon, ce n’était pas très clair. Quand j’ai fait mes études à Mc Gill, je les ai faites en fonction de l’approche Québec en forme, c’est-à-dire l’approche locale, communauté, terrain avec la prise en compte des spécificités locales. J’ai été invitée à agir comme stagiaire. C’était important pour moi d’aller chercher l’expérience, d’apprendre comment aller vers les gens. Oui, c’est facile de dire aux gens « Mangez bien et ayez des comportements actifs », mais c’est plus difficile de les aider à intégrer ces valeurs dans leur quotidien. Si vous utilisez le transport en commun, si vous marchez ou allez au boulot en vélo, déjà vous êtes une personne active. Il faut s’enlever de la tête que d’être actif c’est nécessairement de s’entraîner dans un gymnase. Plus on va l’intégrer dans notre quotidien, plus on va travailler sur la durabilité. C’est un changement de paradigme, c’est très loin de la performance et de la compétition.
L’important est de faire quelque chose qu’on aime.