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Le Code de la sécurité routière – 8e partie
Ah, les autoroutes ! Ces artères plus grandes que nature où tout semble avoir été mis en place pour que les usagers s’y sentent en sécurité. D’abord, parce que tous les véhicules qui y circulent se déplacent dans le même sens. Aussi parce que les accès y sont limités à seulement quelques endroits tout au long de son tracé. Puis, pour y accéder, il faut emprunter une voie convergente[1] plutôt que franchir une intersection comme c’est le cas sur les autres routes. Est-ce que cela signifie que conduire sur une autoroute nous écarte de tous les problèmes d’insécurité routière et que, de ce fait, nous pouvons baisser la garde ? Voyons voir !
C’est ce que nous verrons dans cette capsule traitant de la conduite sur une autoroute. Par définition, une autoroute est une voie exclusivement réservée à la circulation des véhicules automobiles, ne comportant qu’un nombre limité d’accès, établis de façon à éviter tout croisement. Choisir de s’y engager comporte son lot de situations pouvant être plus ou moins hasardeuses. Par conséquent, il est de notre devoir de s’assurer d’un partage de la route équitable et sécuritaire avec les autres usagers dans le contexte où les véhicules roulent à plus grande vitesse.
Huitième partie – La conduite sur autoroute
Source : Photo originale – Yvon Lapointe
Un peu d’histoire
Il faut remonter à l’année 1959 pour voir apparaître la première autoroute au Québec sous le règne du gouvernement de Duplessis. Il s’agit de l’autoroute 15, reliant l’île de Montréal à la région des Laurentides. Cette autoroute comportait trois voies, dont celle du milieu était utilisée pour les dépassements dans les deux sens de la circulation, ce qui, on l’imagine bien, causait de nombreux et graves accidents.
Or, tout cela a changé avec le début de la Révolution tranquille. Un vent de modernité a alors balayé le Québec. Pour rattraper le retard accumulé, les autorités ont eu l’ambition d’entrer dans la modernité à vitesse grand V. Le réseau routier a alors fait l’objet d’une transformation sans précédent.[2] Résultat ! L’inauguration d’une nouvelle autoroute le 27 novembre 1964. Nous pouvions alors emprunter l’autoroute 20 pour parcourir les quelque 250 kilomètres reliant le territoire de Québec à la région métropolitaine de Montréal. Plus près de nous, il aura fallu attendre jusqu’en 1983 pour que le boulevard Laurentien devienne une autoroute. Entretemps, la voiture a complètement transformé la ville. Le nombre de kilomètres d’autoroute par tranche de 100 000 habitants y atteint le double de la moyenne nord-américaine[3].
En 2011, selon Cap-aux-diamants, La revue d’histoire du Québec, notre réseau routier comportait 18 000 kilomètres de routes, dont 2 133 d’autoroutes[4]. Que de chemin parcouru depuis l’époque de la Révolution tranquille !
Agir de façon coopérative, sécuritaire et responsable dans le respect du Code de la sécurité routière
Rappelons-nous que le Code de la sécurité routière consiste en un recueil des articles de loi et des règlements se rapportant à l’usage de la route. Cette huitième partie traite de la conduite sur une autoroute », et ce sujet s’inscrit parmi ceux traitant des « Règles de circulation routière » dont la présentation se poursuivra encore dans les prochaines capsules.
La plupart d’entre nous sont sans doute déjà bien à l’aise avec la façon d’entrer, de circuler et de quitter une autoroute. Cela même dans des circonstances et des conditions parfois complexes, notamment, là où la configuration de l’entrée et de la sortie fait en sorte que les véhicules sont contraints de se croiser. Par conséquent, le risque de conflits avec certains usagers pouvant se montrer moins soucieux d’un partage équitable de la route s’en trouve considérablement augmenté.
Toutefois, étant donné que la mémoire est une faculté qui a tendance à oublier, et ce phénomène n’est pas toujours lié à l’âge, voyons la procédure à suivre pour que cette manœuvre soit exécutée dans les règles de l’art du partage de la route, conformément aux exigences du Code de la sécurité routière.
D’abord et avant tout, il est important de nous rappeler que si le choix de notre itinéraire pour atteindre une destination nous amène à une autoroute, les consignes de sécurité routière inhérentes doivent être suivies de façon rigoureuse. Il en va de notre propre sécurité ainsi que celle des autres usagers.
Conseils pour assurer une sécurité maximale
Entrer sur l’autoroute
Source : Photos originales – Yvon Lapointe
La conductrice que l’on voit sur ces photos s’apprête à entrer sur une autoroute. Dans celle de gauche, elle s’approche de la fin de la bretelle d’accès en bordure de laquelle se trouve un panneau de signalisation indiquant de céder le passage. La photo de droite, quant à elle, nous présente son entrée dans la voie d’accélération.
Pour être sécuritaire et conforme aux exigences du partage de la route, la manœuvre doit être effectuée en procédant de la façon suivante :
- Dès que nous entrons dans la bretelle d’accès, il est essentiel d’observer le flot de la circulation, non seulement devant soi, mais également sur l’autoroute, par quelques regards rapides dans les rétroviseurs et dans l’angle mort, afin de déterminer l’endroit où il sera possible d’intégrer la circulation de façon sécuritaire.
- La fin de la bretelle d’accès marque le point d’entrée dans la voie d’accélération. C’est dans cette dernière que l’on doit signaler notre intention et accélérer pour atteindre la vitesse des véhicules circulant sur l’autoroute avant d’être en mesure de s’insérer dans la circulation en toute fluidité au moment opportun.
- Durant la courte période de temps de notre transition de la voie d’accélération vers l’autoroute, il est essentiel de poursuivre l’observation de la circulation devant ainsi que dans les rétroviseurs et dans l’angle mort. C’est à ce moment que notre capacité d’adaptation peut grandement nous servir en modulant notre vitesse à celle souvent variable des autres véhicules – en la réduisant ou en l’augmentant selon la situation – et ainsi faciliter notre insertion graduelle dans la voie de circulation la plus rapprochée de l’autoroute.
Circuler sur l’autoroute
Source : Photo originale – Yvon Lapointe
En circulant sur l’autoroute, l’adoption de comportements coopératifs et responsables est essentielle. Pour ce faire, nous devons :
- Respecter la limite de vitesse maximum autorisée, ou moins selon les conditions qui prévalent.
- Conserver et maintenir en tout temps un intervalle de deux secondes ou plus avec le véhicule qui nous précède.
- Éviter de demeurer dans les angles morts des autres véhicules et agir de manière à ce qu’aucune voiture ne se trouve trop longtemps dans nos angles morts. Ainsi, nous nous donnons une porte de sortie en cas de situations d’urgence nécessitant, particulièrement, l’évitement d’un obstacle.
- Circuler dans la voie de droite ou dans l’une des deux voies de droite sur une autoroute à trois voies, sauf lorsqu’une manœuvre de dépassement s’avère justifiée.
- Porter une attention soutenue aux mouvements de la circulation en observant ce qui se déroule le plus loin possible devant nous et en tenant compte de la signalisation routière.
- Collaborer avec un véhicule qui nous dépasse, surtout s’il s’agit d’un camion lourd, soit en réduisant légèrement notre vitesse ou, à tout le moins, en évitant d’accélérer – ce qui constitue une infraction au Code de la sécurité routière – de manière à ce que le risque que représente une manœuvre de dépassement soit de plus courte durée.
- Anticiper et faciliter l’accès aux usagers qui s’apprêtent à entrer sur l’autoroute, soit en effectuant un changement de voie ou, si la situation vous le permet, en ralentissant très légèrement de manière à leur ouvrir le passage en toute sécurité. N’est-ce pas là un comportement courtois digne de ce que nous, les « sages » sommes capables ?
- Lors d’un voyage de longue durée, faire une pause après chaque période d’environ deux heures de route, ou même plus fréquemment, si des signes de fatigue se manifestent. Rappelons-nous qu’un arrêt de quelques minutes à une halte routière permet de se dégourdir et parfois de s’offrir un petit roupillon, ô combien réparateur. Ainsi, nous serons dans de meilleures dispositions pour entreprendre le prochain bout de route.
Quitter l’autoroute
Source : Photo originale – Yvon Lapointe
Quitter une autoroute est une tâche de conduite qui peut parfois nous paraître comme étant des plus simples, voire banales. Détrompons-nous. Nos capacités d’anticipation, de vigilance et d’adaptation s’en trouvent fortement sollicitées. Il est donc essentiel d’adopter des comportements préventifs appropriés tels que :
- Planifier à l’avance la sortie que l’on doit emprunter pour atteindre la destination désirée.
- Effectuer suffisamment longtemps à l’avance le changement de voie, s’il est requis, pour accéder à la voie appropriée.
- Continuer la progression dans la voie nous menant vers la sortie de l’autoroute et anticiper la négociation de la courbe de la bretelle en tenant compte de la limite de vitesse recommandée[5] telle qu’indiquée sur un panneau comme celui-ci :
Tout compte fait, conduire sur une autoroute ne laisse aucune place à l’hésitation et à l’incertitude. Nous devons faire preuve de vigilance et de vivacité d’esprit de façon soutenue, à défaut de quoi le choix d’une route présentant des situations moins complexes doit être privilégié. Il en va, non seulement de notre propre sécurité, mais également de celle des autres usagers, incluant les êtres chers qui nous peuvent nous accompagner. Voilà donc l’essentiel des règles de base quant à la façon de « SE » comporter lorsque nous choisissons d’inclure une autoroute dans notre itinéraire[6]. D’autres sujets répondant aux besoins de mise à jour sur le Code de la sécurité routière suivront dans le cadre des prochaines chroniques dont, les feux de circulation et la signalisation routière. Pour notre propre sécurité et celle des autres, continuons d’agir avec sagesse en respectant les règles établies. De cette manière, ça va encore continuer de bien aller ! 🌈
À propos de l’auteur
Yvon Lapointe
Consultant formateur en éducation routière et conférencier
Diplômé de l’Université Laval en pédagogie, Yvon Lapointe a consacré toute sa carrière à la cause de la sécurité routière. Après avoir été moniteur-instructeur en conduite d’un véhicule de promenade et de divers types de véhicules lourds, propriétaire d’une école de conduite, consultant auprès d’entreprises de transport routier, puis chargé de cours et coordonnateur d’un programme de formation pour des formateurs de conduite automobile en milieu collégial pendant plus de 12 ans, il est arrivé chez CAA-Québec en 1986 en tant que directeur du service de l’éducation routière. Jusqu’au moment de sa retraite en 2014, il était également directeur de la Fondation CAA-Québec avec laquelle il a maintenu un lien en tant que conférencier.
Depuis 2016, il intervient en suppléance auprès des clients de l’école de conduite du Centre de réadaptation du CIUSSS de la Capitale-Nationale comme instructeur de conduite automobile. La chronique de sécurité routière, publiée dans la revue L’Écho des deux Rives, porte sa signature depuis plus de cinq ans. Il est l’instigateur de la conférence intitulée « SE…conduire autrement ! » offerte gracieusement aux membres des clubs FADOQ.
[1] Ce panneau de signalisation implanté en bordure d’une autoroute indique l’approche d’une voie convergente permettant aux autres automobilistes d’y accéder.
[2] https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2012-n111-cd0331/67583ac.pdf
[3] https://www.lesoleil.com/actualite/dhier-a-aujourdhui/le-boulevard-laurentien-en-1969-0e6781ede678e436b9a4259d43a7781f
[4] https://www.ledevoir.com/politique/quebec/346485/100-ans-du-ministere-des-transports-1912-2012-l-age-d-or-des-grandes-constructions
[5] La vitesse indiquée peut varier en fonction de la courbe de la bretelle de sortie.
[6] https://www.youtube.com/watch?v=yQsyfVmm3lA
Voir le volet 1 : Une bonne marche…ça fait du bien !
Voir le volet 2 : Faire un tour d’auto…ça aussi ça fait du bien !
Voir le volet 3 : Une randonnée à vélo…en toute sécurité !
Voir le volet 4 : Un tour d’auto avec notre animal de compagnie !
Voir le volet 5 : Le Code de la sécurité routière – 1ère partie
Voir le volet 6 : Le Code de la sécurité routière – 2e partie
Voir le volet 7 : Le Code de la sécurité routière – 3e partie
Voir le volet 8 : Le Code de la sécurité routière – 4e partie
Voir le volet 9 : Le Code de la sécurité routière – 5e partie
Voir le volet 10 : Le Code de la sécurité routière – 6e partie
Voir le volet 11 : Le Code de la sécurité routière – 7e partie
Voir le volet 13 : Le Code de la sécurité routière – 9e partie
Voir le volet 14 : La signalisation routière 1 – Les panneaux en lien avec la conduite hivernale
Voir le volet 15 : Les panneaux de signalisation de prescription – Première partie